Press book
Article paru dans le quotidien 24heures en Suisse romande, le vendredi 23 janvier 09.
Pour une autre économie ?
«Cette maison est trop veille et trop délabrée. La réparer coûte trop cher, plus cher que du neuf». C'est ce qui se dit souvent, n'est-ce pas? Chose curieuse, cela est peu appliqué à la crise: secoué, fissuré, en délabrement certain, le système économique actuel n'est plus viable, mais il est surprenant de voir tous les efforts pour le faire revivre.
On le sait, une crise, quelle qu'elle soit, a du bon, car elle permet de créer du nouveau. Le succès est le fruit de l'échec. Or, je constate que, au lieu de développer l'esprit créatif pour un mieux-être, l'on s'engouffre dans le do it yourself pour faire des réparations douteuses: il faut conserver coûte que coûte ce qui a été la rente financière d'un marché illogique et mensonger.
Pour dorer ces réparations, on y applique une couche de morale ou de transparence. Propos inimaginable il y a quelques années! Il est curieux enfin d'entendre parler de projets de moralisation des appareils, alors que la morale ne concerne que le domaine de l'humain…
Si la quête du Saint Profit semble encore bien présente chez quelques-uns pour faire revivre le profit rapide ou sa marge de 15%, un grand nombre de consommateurs, d'employés et de cadres aimeraient cependant bien voir poindre une autre pratique de l'économie: plus juste, plus vraie et sans mensonge. C'est une voie que devraient explorer les gens du marketing, comme ceux de la direction, les actionnaires ou les membres de conseils d'administration.
Vivre un idéal?
Mais le drame de notre société est qu'elle n'a pas de projet d'intérêt général: pas de passion, pas de prise de risque, pas d'amour de l'autre… L'intérêt privé et sécuritaire est en train de tuer la vision et le rêve.
De fait, cette absence de lien ou de liant social est inévitablement un meurtre prémédité de l'économie. C'est oublier que le lien vaut plus que le bien. Ce lien social est à considérer comme une des composantes d'un produit ou d'un service. Le client attend plus qu'un bien de consommation, même s'il sait quoi acheter. Répondre à son besoin, c'est percevoir l'ensemble de ses attentes liées à l'acte d'achat. Cette approche donnera une âme à l'entreprise et garantira sa légitimité. C'est cela, le vrai marketing.
Pour rappel, le marketing est un ensemble d'outils pour gérer un projet, de l'amont à l'aval, et destiné à favoriser un marché… utile à tous. Il n'est pas là pour résoudre un problème, et encore moins pour augmenter le profit d'une structure, commerciale ou non.
Ainsi, la vraie performance est la résultante d'une bonne écoute des besoins du consommateur. Ce client-là n'est plus considéré comme le sujet de profit de l'entreprise, qui ne devrait plus voir non plus son employé comme un objet de ressources. Aimer la personne, c'est la comprendre et la connaître avant de la regarder comme un simple payeur dans ses actes d'achat: le don est plus fort que le dû.
Nous devons créer du nouveau et du vrai! Etes-vous prêts à y croire? Croire en une autre économie est comme attendre la naissance d'un enfant: il est attendu avec fébrilité mais l'on sait que cela va changer notre vie. Je ne sais pas comment, mais ce nouveau-là me pousse à y croire.
Eric Jaffrain
Consommer moins pour vivre mieux ?
Ecouter l'émission "Haute définition" de dimanche dernier (27 juillet 08): Une interview par Manuela Salvi sur la Radio Suisse Romande.
Le lien social comme transaction performante pour le secteur marchand.
http://info.rsr.ch/fr/rsr.html?programId=161348&bcItemName=haute_definition&rubricId=4600&contentDisplay=last_month&siteSect=1000
Vous aurez également la possibilité d'écouter l'interview intégral (de 30 minutes sur le site de la radio.
N'hésitez pas à transmettre vos commentaires et vos questions auquelles j'aurais plaisir de vous répondre !
Radio Suisse Romande - 7 nov 05
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Emission "Ecoutez voir" de la RSR - La 1ère du 7 novembre 2005
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Eric Jaffrain prépare un livre sur le pourquoi du don humanitaire et sur l'évolution de la façon de donner.