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Quand croire et analyse marketing aident les ZUS

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« Croire, c'est avoir la capacité pour se réformer et entrer dans une vision mobilisatrice ».Eric Jaffrain



Est-ce bien raisonnable de croire alors que tout semble si convenu, dans ce mot croire il y a comme quelque chose de provocant sinon dérangeant à un ordre déjà établi ou à des faits qui semblent installer l'idée qu'il n'y aurait plus rien d'autre à faire, à accomplir, à entreprendre.
Il y a ceux qui croient et qui ne croient plus, croire relève d'un quasi défi, une provocation à l'immobilisme.
Dans cette problématique « Croire et dans l'énoncé du sujet », il me semble qu'il y ait tout simplement l'expression d'une volonté de ne pas abdiquer et de poursuivre un rêve, L'origine est devant nous, disait Heidegger1, la croyance s'apparenterait alors à un nouveau champ des possibles, un changement de paradigme…

C'est fou ce que les sociétés dites de l'innovation cristallisent finalement autant de scepticisme, on veut bien croire quant l'objet est matériel mais dès qu'il s'agit d'idéaux sociaux, il n'y a plus beaucoup de gens qui continuent à y croire,
Je pense à ces doux rêveurs que furent Yvan Illich penseur de l'écologie politique ou bien à l'apôtre Paul dans la Bible, qui parle du principe de l'égalité dans une de ses lettres.

Croire en zone urbaine
Croire dans une vision mobilisatrice me renvoie à un travail que j'accomplie dans le cadre d'une démarche de rénovation urbaine qui est engagée par une Grande Ville... Le travail réalisé est particulièrement défiant…Puisqu'il s'agit de changer les représentations stigmatisantes d'un quartier classé en zone ZUS2.
Ces quartiers font aujourd'hui l'actualité des médias français et ces quartiers cristallisent toutes les opinions négatives actuellement véhiculées…La mission qui m'est confiée par la Direction de la Politique de la Ville est d'identifier les leviers d'une évolution puis d'une transformation de l'image des quartiers.
C'est une entreprise ambitieuse, de longue haleine et qui s'inscrit nécessairement dans le temps. Sur un des quartiers les plus difficiles de cette ville, il existe un marqueur qui a formé sur plusieurs générations l'identité du territoire, ce marqueur est un Pont…Beaucoup d'habitants de ce quartier se revendiquent du Pont comme pour signifier à l'éventuel visiteur qui s'aventurerait sur le quartier qu'il y a une limite à ne pas franchir et dont le pont symbolise le territoire. La mission fut de me rendre sur le quartier, d'aller spontanément à la rencontre des habitants.
Ma présence sur le quartier suscita pas mal de curiosité, très vite un petit attroupement s'est organisé, mon métier de passeur de paroles, fut de leur donner.

Dessine-moi un pont
Très rapidement je réalisais que chacun était animé par le désir, l'envie, la motivation de changer l'image de leur quartier, de changer l'image du quartier de manière positive… Le pont pouvait-il être l'idée motivante, mobilisatrice, le pont pouvait-il se transformer en levier décisif pour le quartier. Je poursuivais mes contacts sur le quartier et je rencontrais la responsable de la Maison de quartier, qui m'évoqua ses projets de Cinéma à Ciel Ouvert et d'une prochaine programmation qu'elle souhaite proposer à ce quartier.

Le Pont allait être le point d'ancrage d'une idée ambitieuse et structurante pour accompagner le changement d'image de ce quartier. La démarche ne se ferait pas brutalement, il s'agit de faire passer l'idée en partant d'un public captif les enfants qui transmettraient à leurs Parents, la Vision Nouvelle que nous souhaitions pour ce quartier.
Ainsi a été préconisée de passer par le groupe scolaire du quartier et d'y associer les enfants pour les impliquer dans cette entreprise ambitieuse en y apportant leurs contributions à des fins de changement d'image de leur quartier. La démarche consistera à faire dessiner un Pont par les Enfants « Dessine Moi un Pont » et d'associer le projet maquettage du Pont dans une démarche imaginaire en évoquant les grandes figures du cinéma dont le Pont serait dorénavant l'emblème. Croire telle est l'ambition, dans une perspective de réformer les images stigmatisantes et entrer dans une vision mobilisatrice pour inscrire le quartier dans le futur, dans une perspective valorisante.

Un quartier qui cristallisait toutes les peurs sera source demain de toutes les curiosités… Aujourd'hui ce projet structurant pour le territoire est en route, il s'adossera aux habitants porteurs du désir de faire évoluer l'image de leur quartier qui sera culturellement et au sens étymologique un quartier réellement sensible …à l'Art.


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Eric Lemaître
Mai 2010





Eric Lemaître est Directeur des Etudes au sein ELS Concept. Agence marketing spécialisée en socio-économie.
Chargé de cours de l'école d'Ingénieurs et professeur Associé de 1999 à 2009.
Site : www.els-concept.fr



Notes :
1 : Heidegger est un philosophe Allemand.
2 : ZUS : Zone Urbaine Sensible.
Eric Jaffrain - rue du Château - CH-1063 Chapelle-sur-Moudon - info@marketing-non-marchand.ch
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